L’amour au temps du numérique

A l’occasion de notre émission sur le thème des rencontres sur internet, nous avons pu interviewer Arianna.F Grossocordon, metteuse en scène à l’origine de “LOVE pas à deux”, une performance interactive de danse et théâtre autour des relations amoureuses modernes.

Interview via Skype d’Arianna par Alexandra :

Le scénario est simple : le public suit devant lui une relation amoureuse d’une durée de trois ans, interprétée par Arianna et son partenaire Guillaume Le Pape. Mais ce n’est pas qu’une simple performance : le public vit aussi la relation à travers les échanges de messages sur un téléphone portable. Le dispositif numérique, nommé Kalliope (créé par IGLOR Soluciones Audiovisuales Avanzadas), permet de simuler une conversation en messagerie instantanée de la rencontre des protagonistes jusqu’à leur séparation.

L’idée au départ, nous raconte Arianna, est de montrer à quel point les relations que l’on voit aujourd’hui sont typiques et similaires, modelées sur un schéma plutôt universel. Que ce soit sur le téléphone, à travers les comportements des personnages mais aussi avec la mise en scène, l’idée de temps, de répétition et de boucle, est très présente.

Car c’est très facile de trouver, dans les témoignages de notre entourage, des relations très similaires entre elles.

Son but est aussi de montrer l’usage qui est fait des réseaux sociaux dans les relations amoureuses aujourd’hui et les nouvelles dynamiques qui s’établissent entre les gens par le biais d’un écran. Par exemple sur les réseaux sociaux, on peut voir si la personne écrit, si elle a vu nos messages, combien de temps elle a mis pour répondre…

Cette pièce réussit à condenser 3 ans de relation en 15 minutes et peut se dérouler dans des lieux très différents (place, parc, bibliothèque…), pour montrer que ce genre de spectacle de la vie quotidienne est présent de partout.

Cela permet aussi aux comédiens d’adapter leurs mouvements aux différents objets autour d’eux et d’enrichir leur travail à chaque nouvelle performance.

Le public est alors spectateur sur deux plans : le réel et le virtuel ; un peu comme nous sommes amenés à l’être dans la vraie vie si nous voyons un couple qui se dispute dans la rue ou la photo d’un autre en vacances sur Instagram.

LOVE – pas à deux from Guendalina Flamini on Vimeo.

Ici le but n’est pas de dénoncer la banalité dépeinte devant nous, mais nous pousse à questionner la forme que prend nos relations et nos rencontres tout en nous faisant nous identifier très facilement, tant le schéma est “passe-partout” nous raconte Arianna.

Lorsqu’on lui demande son avis sur les rencontres en ligne, elle nous explique que c’est une révolution qui a facilité la rencontre et que c’est à nous de choisir ce qui nous convient le mieux mais que les gens devraient prendre plus conscience que :

C’est une victoire du capitalisme qui s’invite dans notre intimité la plus personnelle : nos relations amoureuses.

Si elle-même ne se retrouve pas dans le tout numérique, elle trouve très intéressant de pouvoir analyser ce phénomène par le biais de l’art, qui l’aide aussi à mieux comprendre comment ça marche lorsque ce sont des choses trop éloignées de son quotidien. L’art s’est donc emparé des nouvelles technologies, comme nous l’avions aussi vu lors d’Arrêt sur Image, et permet d’apporter son lot de réflexions aux artistes qui souhaitent mieux comprendre son impact sur la société.

Merci à Arianna pour le temps qu’elle nous a consacré.

Les actualités de LOVE pas à deux sont à retrouver sur : InstagramFacebook

Crédit pour les images et vidéos : Images photographiques Kremlin Bicêtre : Ville du Kremlin-Bicêtre – Maxime Vasseur Vidéos LOVE : Guendalina Flamini.  

Alexandra Pisano