Retracer La Riana

C’est le nom du projet remporté par Charlotte Némoz et la compagnie Zootrope (Magali Revest et Frédéric Pasquini) dans le cadre du renouvellement urbain du quartier de l’Ariane. Ce projet a pour but de revaloriser l’histoire et la mémoire de ce territoire. Il a commencé au printemps 2021, et a pour mission d’impliquer ses habitants pour co-construire des espaces de vie.

“Nous souhaitons que ces espaces prennent une autre couleur aux yeux de chacun afin de créer des lieux de convivialité au cœur de la cité.”

A  travers des promenades dans le quartier, des explications sur l’histoire des sentiers, des rues, des sols, de la biodiversité existantes, des échanges spontanés avec les habitants, des ateliers organisés avec les élèves de l’école Marcel Pagnol, l’équipe “Retracer La Riana” propose à la Métropole Nice Côte d’Azur et l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine, un plan d’actions pour réaliser trois parcours ludiques dans le territoire de l’Ariane (Voir l’ensemble du projet ICI).

Retracer La Riana, c’est aussi d’abord le nom d’un ancien ancien cours d’eau devenu canal de dérivation qui irriguait le quartier et qui a laissé des traces. Charlotte a commencé il y a 7 ans à le retracer en dessinant des cartes qu’elle a expliqué simplement aux habitants. 

Ligne16 est allée rencontrer les acteurs de ce projet long et ambitieux. 

Interview de Charlotte Némoz, diplômée en architecture

Charlotte travaille dans le quartier de l’Ariane depuis 2012. Elle a décidé d’en faire son projet de fin d’étude dont le sujet est : « la présence du paysage dans le quartier de l’Ariane ». Ce qui l’a particulièrement marqué est la vie très urbaine de ce territoire avec l’autoroute, l’usine d’incinération, les immeubles au typologie des années 60, et de l’autre côté, les petites maisons, la présence des collines et du paillon.

Depuis 7 ans quelle est son évolution ?

L’évolution, c’est que le sol, la terre disparaît de plus en plus sous une couche de bitume, pourtant le passé ressurgit …

Charlotte synthétise toutes les données recueillies depuis toutes ces nombreuses années, dessine des cartes et les fait parler. Elle lit les plans de réurbanisation du quartier aux habitants pour qu’ils comprennent. “L’idée est de venir pouvoir répondre aux besoins des habitants et aussi de proposer un imaginaire, aller mesurer la largeur des chemins, retracer les sentiers, réhabiliter les sentiers historiques, prolonger toute cette histoire et venir offrir aux gens des lieux pour se retrouver, aménager des conditions, planter des arbres pour l’ombre, redonner cette échelle du temps, de la contemplation, des petits gestes à retrouver…”

La réaction des habitants

De nombreuses personnes pensent que la multiplication des actions venant de l’extérieur n’est pas bénéfique pour le quartier. Le fait, en revanche, de proposer la plantation d’arbres, cela change un peu le regard. Nous avons des encouragements. Pour ce qui concerne les enfants, eux sont très enthousiastes. Le plus important est de pouvoir les tenir informer des avancées du projet.

Le city stade du 104

Le 104, où nous avons interviewé Charlotte, se nomme par les habitants “le city stade du 104”. Le n°104 du boulevard de l’Ariane, au côté de la passerelle qui relie le quartier au boulevard de la trinité où l’on peut prendre le train, est délaissé, abandonné par les services d’entretien dont l’effectif est insuffisant pour la superficie du quartier et le nombre d’habitants. 

Avant l’appropriation, il y a prendre soin de l’autre, et là c’est prendre soin de l’arbre.

Le city stade du 104 fait parti des espaces étudiés pour être référencé dans le répertoire des espaces délaissés dans un plan de réappropriation par les habitants. Les habitants ont participé au diagnostic, ils souhaitent avoir des bancs, voir réapparaitre une structure de type cabane. Malheureusement la seule implication des habitants ne suffit pas, il faudrait remettre la fontaine en route, le banc n’est pas à une hauteur pour une personne âgée, le nouveau renouvellement urbain est en cours, et donc à voir si cet espace va être pris en compte

Pour Charlotte, les espaces les plus intéressants, sont principalement des espaces où il reste de la terre, où l’on peut se retirer, où l’on peut se donner rendez-vous, pouvoir laisser jouer son enfant. Ces espaces sont chargés de mémoire ou à l’inverse, ce sont des espaces où il ne s’est rien passé ; et juste en retourner la terre, il y a des choses qui se passent.

Interview de Frédéric Pasquini et de Magali Revest du collectif Zootrope

Frédéric Pasquini est photographe et vidéaste et son rôle dans le projet est de réaliser un documentaire vidéo retraçant le projet “Retracer la riana”. Il met à profit sa sensibilité et ses compétences pour valoriser et témoigner de ce projet.

Le film sera projeté au théâtre Lino Ventura courant l’année 2022.

Magali Revest nous parle de cette rencontre avec Charlotte sur le projet et les réflexions alors sur : “Comment on vit nos espaces ? Comment on vit nos liens les uns avec les autres, et donc comment on refait du lien, comment on sort de chez nous puisque l’on nous a confiné ?”.

Comment on vit ensemble sur cette terre tout en étant différent.

Elle pratique aussi l’éducation somatique*. Elle nous parle de biodiversité dans le quartier, non seulement au niveau de la nature, mais aussi au niveau humaine. Dans le projet, elle veut vraiment voir comment les habitants s’approprient le projet, comment ils proposent la réhabilitation des espaces communs, en incluant également tous les acteurs qui ont déjà réalisé des actions sur ce territoire qu’est l’Ariane.

Les habitants de ce quartier sont extrêmement généreux avec nous.

Les habitants sont intéressés par le projet par rapport aux questions et aux demandes qui sont exprimées. Beaucoup souhaitent voir de vieilles photos du quartier qui leur permettraient de se replonger dans leurs histoires. Les enfants sont aussi intéressés de savoir ce qu’il y a eu avant ; il faut qu’ils sachent que leur quartier a une histoire précise qui a nourrit le centre-ville et qu’il a une valeur réelle. “J’ai vraiment aimé travaillé avec les enfants de Api Provence (…) Ces enfants sont extrêmement demandeurs d’apprentissage, d’ouverture …”, nous dit Magali.  

 

Interview de Christian Masson, un habitant depuis 1989

Christian vit à l’Ariane depuis longtemps, il nous parle du projet “Retracer La Riana”. Il trouve que c’est très intéressant. Il nous parle de l’évolution du quartier quant aux lieux identifiés qui sont aujourd’hui délaissés. Pour lui, les jardins intéressent les habitants, néanmoins ils pensent que ces lieux sont aujourd’hui trop souvent des espaces de détritus. 

Renouer avec l’histoire du quartier, c’est important de le connaître.

Photographies d’Hugo Gueniffey

Article et interviews de Tania.