Magali Revest, artiste-performeuse

Magali Revest est une artiste performeuse à Nice. Nous l’avons rencontrée et interrogée sur son parcours et sur l’arrivée du numérique dans son art.

Dans cet entretien, elle nous parle de son parcours artistique qui part de la danse, des arts plastiques et du théâtre. Elle a eu une compagnie pendant treize ans à Bruxelles « Kokliko’Theatre » et a déjà expérimenté la vidéo sur plusieurs spectacles dont « Alice de l’autre Côté », spectacle jeune public où Alice avait son double en vidéo et rentrait en interaction avec son image ; également, un spectacle pour adulte « De Mémoire d’Alice », de l’auteure Clotilde Escalle, où Magali a sollicité l’intervention d’une photographe, d’un musicien et d’un ingénieur du son, afin de trouver une forme théâtrale hybride où il y avait un dialogue entre les acteurs et les différents médiums. Le spectacle a été présenté dans un cabinet d’architecture à Bruxelles. 

Ce qui l’intéresse avant tout dans ses performances, forme qui l’a très vite attirée, c’est de mélanger des artistes de plusieurs disciplines et de voir comment la partition collective naît, comment chacun trouve sa place avec son medium et compose avec les autres.

L’arrivée du numérique a été la rencontre en 2017 avec Frédéric Pasquini, photographe ; elle rallie alors la compagnie Zootrope que Frédéric a créé en 2015 pour son projet « Tandem » (exposition monumentale sur les murs de la cité historique de Vence). En 2018, Magali Revest rejoint officiellement la compagnie Zootrope et y ajoute une accroche : “Le regard en Mouvement”.

Ainsi, l’association devient un collectif d’artistes. 

Le duo travaille alors dans la performance de la relation entre le corps en mouvement et une œuvre plastique. Tout est parti d’une performance proposée à l’occasion d’un événement autour de la poésie, initié par Sabine Venaruzzo. Magali est « un ange de poésie » en manteau de papier et Frédéric s’est mis à faire une série de photos.

Le point de départ, c’est le papier dont on a besoin pour circuler et vivre. Avec le numérique, on fait un transfert, on numérise tout, alors qu’est-ce qu’il va rester ?

Dans sa dernière création « Rebirth Double Je # » en duo avec Frédéric Pasquini, présentée lors d’une sortie de résidence lundi 3 mai 2021 à l’Entre-Pont, chacun fait corps à l’autre.

Frédéric Pasquini avec son regard de photographe et cette introduction au numérique, travaille l’image en mouvement et la projette sur les objets et le corps dansé de Magali, qui elle-même entre en relation avec l’image. « La carte maritime » est venue par rapport à cette question de frontière, de voyage, de nos identités, de la problématique des gens qui viennent à nous pour fuir une vie sans avenir.

Dans cette création, les deux artistes questionnent le rapport du corps vivant dans l’image : Est-ce que l’image va avaler le vivant ou est-ce que le vivant va venir en conversation avec l’image ? « Là, il y a quelque chose d’intéressant qui peut arriver », exprime t-elle.

C’est la rencontre entre le photographe qui capte l’instant avec le filtre de l’appareil photo et moi, qui a un rapport plus direct et organique. C’est de ces deux univers que sort quelque chose d’intéressant. A quel endroit il y a une rencontre, à quel endroit il y a un frottement et à quel endroit, on est en parallèle ?

Je suis à la fois double puisqu’on est deux à se questionner avec nos différent medium : la danse, la vidéo, l’art plastique, le dessin.

Dans cette sortie de résidence à l’Entre-pont, s’est ajoutée la musique avec Raphaël Zweifel, violoncelliste. Celui-ci est arrivé dans notre univers posé, sans musique. A lui de prendre place et de la trouver. Alors, il y a une multiplication des possibles, l’un n’annule pas l’autre.

Chacun doit trouver sa place dans le projet.

Accepter que chacun puisse prendre place et dans la société, cela doit être pareil.

Interview et article de Tania Cognée.
Photos de Frédéric Pasquini,
sauf la photo de Une qui est de Camille Cooken et la dernière qui est de Jacques Lerognon.