A la découverte de TETRIS à Grasse

Située dans la ville de Grasse, la SCIC (société coopérative d’intérêt collectif) TETRIS est un haut lieu de la transition écologique et solidaire. 

Cet espace singulier est aujourd’hui un fleuron de l’économie sociale et solidaire

 Je considère que la place de la recherche est à côté, un élément de la transformation. La recherche a une dimension politique qu’elle doit assumer »

Nous avons rencontré Geneviève Fontaine, sa directrice, dont le parcours au sein de ce tiers-lieu et la position de chercheuse apportent un point de vue singulier. 

Interview de Geneviève Fontaine de TETRIS :

Docteure en économie, son travail porte sur toutes les formes de dynamiques sociales à visée transformative (tiers-lieux, communs, économie solidaire). Geneviève se définit elle-même comme « chercheuse embarquée », c’est-à-dire participante à ces dynamiques collectives, et récuse la réduction de son rôle à la simple observation. 

Sa posture épistémologique, c’est-à-dire sa manière d’envisager le rôle de la recherche par rapport à son objet ne se situe ni dans l’observation ni dans lmilitantisme, mais bel et bien conjointe et intégrée à ces dynamiques transformatives.

Avant de devenir une référence dans les tiers-lieux, TETRIS a connu un parcours sinueuxSon histoire, c’est d’abord celle de l’association d’éducation populaire Évaléconée dans les années 90 à l’initiative de Geneviève et d’autres enseignants en sciences sociales dans un lycée.

On commence à parler de développement durable, de nécessité de réfléchir sur le modèle qu’on a de mode de vie, de mode de consommation… ». 

Constatant l’absence d’espaces de réflexions sur ces sujets dans l’éducation nationale, les missions pédagogiques, écologiques et sociales d’Évaléco se sont poursuivies dans la construction de TETRIS (transition écologique territoriale par la recherche et l’innovation sociale), d’abord dans le centre-ville historique grassois en 2009. La constitution juridique du tiers-lieu en SCIC a été un vecteur de développement, rendant possible l’hébergement actuel dans un bâtiment de 1500m² au cœur du secteur de la Marigarde. 

Labellisé « Fabrique numérique du territoire » en 2019, nous avons interrogé Geneviève afin de recueillir son avis sur le processus d’institutionnalisation des tiers-lieuxqui salue l’élargissement de l’intérêt du rapport Lewy-Waitz à toutes les logiques de dynamiques collectives de travail ; qui, le rappelle-t-elle, était à l’origine, porté uniquement autour du pilier du numérique. 

L’appel à projet ‘’fabrique de territoire’’ ne définit pas le tiers-lieu […] ce n’est pas un appel à projet sur les tiers-lieux. C’est un appel à projet sur les fabriques de territoires, étant des lieux ressources pour l’émergence, le développement et la culture tiers-lieu ». 

Geneviève fait bien la distinction, et précise la vocation de l’appel à projet à constituer des lieux-ressources, et non à normaliser les tiers-lieux. Cette labélisation n’a pas vocation à produire un effet direct sur la constitution des tiers-lieux, mais à valoriser un “effet réseau” porté sur les lieux-ressourcesElle constate par ailleurs que la normalisation vient plus des acteurs eux-mêmes que des pouvoirs publics. 

Reportage d’Alois Déras,
dans le cadre d’une recherche appliquée pour les étudiants en Master DISTIC,
coordonné par Linda IDJERAOUI RAVEZ (maître de conférences) et Paul RASSE (professeur)
de l’Université Côte d’Azur.