Formation Habitants Professionnels

 

Ce projet de formation, porté par le CCAS- Centre Social « Le Village » et financé dans le cadre du CUCS, permet de créer du lien entre les résidents d’un quartier et les professionnels qui y travaillent.
Dans une idée d’améliorer le cadre de vie et avec pour toile de fond le projet de rénovation urbaine, l’idée est de faire participer les habitants à la construction de leur quartier afin de faire bénéficier les professionnels de leur compétence en matière d’usage, et de s’approprier les espaces publics de façon citoyenne. Les professionnels en retour apportent leur vision d’ensemble sur les travaux en cours de réalisation, les possibles et les contraintes en matière d’aménagement.

Pour mettre en œuvre cette formation, il a fallu choisir une structure en capacité de délivrer les outils nécessaires à la mise en place d’un tel projet. L’Université du Citoyen, en la personne de Guy-Laurent Sylvestre, a été choisi pour assurer l’intégralité de la formation.

L’Université du Citoyen est une association loi 1901 à vocation nationale, apolitique et acultuelle. Elle est porteuse d’une démarche méthodologique labellisée à l’INPI, l’Université(s) du Citoyen®, qui est le fruit de 20 ans d’expériences.

Cette démarche participative et collective permet d’apprendre et de partager des savoirs, de réfléchir ensemble en s’enrichissant des différences, et permet de produire de l’intelligence collective pour tous, des avis et propositions partagés.

La finalité est de créer les conditions de la participation des citoyens à l’action publique en partant du postulat que toute personne possède un savoir sur son environnement de vie et des idées pour l’améliorer. Par conséquent, chaque citoyen est une ressource dans l’élaboration de tout ce qui relève de l’action publique.

L’enjeu du projet de l’Université du Citoyen est de transformer les pratiques existantes des habitants, des professionnels et des décideurs institutionnels et politiques, afin de rendre leur rencontre constructive.
Il s’agit d’arriver à une co-production habitants / professionnels / décideurs, partant du principe que tout habitant est porteur d’un savoir complémentaire de celui des décideurs et des professionnels.

Cette formation s’est déroulée en deux temps…

1 Se former à travailler ensemble (5 journées de formation) :
où l’on a convié des participants (habitants et professionnels) autour d’une grande table afin de voir comment cette pratique d’échange, nouvelle sur le quartier, allait pouvoir se mettre en place. Cette formation a permis la mise en place des outils nécessaires à la coopération des différents acteurs sur le quartier.

Cette première étape à donner lieu à une restitution qui a été validée par les élus présents

Cécile DESPLANQUES, CCAS de Nice, Responsable du Centre Social « le Village » rappelle le contexte :

Les membres de la Commission Cadre de Vie ont fait le constat qu’il n’est pas évident pour les habitants de participer à des projets d’amélioration de leur cadre de vie, ceux-ci n’étant pas coutumiers des éléments techniques que cela implique.
A contrario, les professionnels, techniciens, n’ont pas l’habitude de travailler et de réfléchir avec les habitants sur des sujets tels que l’aménagement d’un jardin, l’organisation de l’enlèvement des ordures ménagères, le nom d’une rue, etc.
Le Village fonctionne sur des modalités participatives, expérience qu’il peut partager avec les acteurs de la GUP. De plus, dans le cadre de la convention de Gestion Urbaine de Proximité de l’Ariane, le Village un des opérateurs repéré pour « contribuer à l’implication des habitants dans l’évolution de leur quartier. Il permet de favoriser les rencontres et échanges entre les publics. L’objectif étant l’émergence d’idées, d’interrogations et de questionnements sur le renouveau du quartier. Les habitants pourront devenir acteur de la transformation du quartier à travers la structure en proposant des actions et animations ».
Partant de ce constat, Le Village a proposé d’expérimenter un accompagnement d’habitants et de professionnels aux projets d’amélioration du cadre de vie en s’appuyant sur un intervenant spécialisé dans les projets d’habitants, en l’occurrence l’Université du Citoyen et le cabinet Adéus.

Cette action a été financée dans le cadre du CUCS 2012.
Cette approche était originale car cette action était ouverte aux habitants qui souhaitaient s’investir dans leur quartier et aux professionnels en lien avec la Gestion Urbaine de Proximité volontaires pour travailler ensemble.

Ont participé à cette formation :

-Pôle de proximité Rives du Paillon, Ville de Nice (2 agents),
-Direction de la Collecte, Métropole Nice Côte d’Azur (1 agent),
-Direction de la Rénovation Urbaine, Métropole Nice Côte d’Azur (1 agent),
-Police Municipale (1 agent),
-Côte d’Azur Habitat (2 salariés),
-Ariane progrès, (comité de quartier, 1 représentant),
-Les Arianencs, (comité de quartier, 2 représentants),
-Le « Village », Centre Communal d’Action Sociale de Nice,
-L’Association « Femmes Actives » (1 représentant),
-L’Association « La Boite » (1 représentant),
-8 habitants du quartier.

Isabelle VIGREUX, habitante du quartier, introduit la restitution :

« Cette formation nous a permis de constituer un groupe d’habitants et de professionnels volontaires afin de travailler ensemble. Grâce à cette formation, une dynamique de travail s’est mise en place et nous avons appris à nous connaitre entre habitants et professionnels »

Fatima BOULAID habitante du quartier, donne le point de vue des habitants :

« Si les habitants se sont investis dans cette formation c’est pour plusieurs raisons :
L’envie de s’investir dans notre quartier, l’envie de s’investir dans les projets d’amélioration du cadre de vie est apparue aux habitants depuis 2 ou 3 ans. D’une part, suite aux résultats de la phase 1 du PRU et d’autre part, suite à la participation des habitants aux commissions « Amélioration du cadre de vie ».
Le désir de changer l’image du quartier,
Comprendre ce qui se passe avec les nouveaux aménagements (destruction de bâtiments, reconstruction,…),
L’espoir d’être entendus,
Savoir qui fait quoi dans le quartier,

Le premier jour, nous sommes arrivés avec beaucoup de questions et de réclamations.
Aujourd’hui, grâce à la formation nous avons pris conscience que les professionnels ont des contraintes et qu’ils agissent au mieux pour nous. Nous avons compris qu’il fallait tenir compte de plusieurs paramètres pour résoudre un problème.

De plus, cette formation nous a permis de repérer les professionnels du quartier et surtout « qui fait quoi ? ». Même si nous avons les savoirs d’usages utiles aux professionnels pour réaliser les projets, les habitants ont besoin de discuter avec les professionnels pour connaitre les savoirs techniques.

Enfin, cette formation nous a fait réaliser que nous n’étions pas seuls à vouloir améliorer le cadre de vie dans le quartier.
Aujourd’hui, nous sommes un groupe désireux de travailler en partenariat avec les professionnels dans un intérêt général. »

Réal GAGNAIRE, Responsable Ordonnancement, Pilotage et Coordination Ariane – Pasteur, donne le point de vue des professionnels:

En tant que professionnel, l’intérêt de la démarche participative est :
de rencontrer les habitants pour écouter leurs attentes, leurs besoins, leurs usages…
de recenser les besoins prioritaires,
de trouver des solutions avec les habitants :
pour les impliquer dans la mise en œuvre des projets,
pour réaliser des aménagements plus adaptés aux usages et éviter les surcouts liés à des corrections à posteriori, qui seront ainsi plus pérennes et demanderont moins d’entretien.

Grâce à cette formation, les professionnels ont pu :
expliquer leurs missions (rôle de chacun, métiers) et leurs limites (coûts, règlementation, délais)
échanger pour orienter leurs actions dans un souci commun de répondre à l’intérêt général.

Zahra MAKHLOUFI, habitante du quartier, liste les attentes et les perspectives du groupe :
« Nous avons réalisé que les choses sont souvent bien plus compliquées qu’il n’y paraît au 1er abord, d’où la nécessité de mutualiser nos efforts et nos regards.
Sur bien des problèmes, aucun acteur seul n’a la solution. Chacun a un bout de l’analyse et donc de la réponse. D’où la nécessité de travailler ensemble en tant que partenaires dans la recherche des solutions. Les habitants ont un savoir d’usage et des idées pour améliorer leur environnement, leur quartier, tout simplement parce qu’ils y vivent, et les professionnels ont les savoirs techniques pour délimiter et réaliser le projet.

Ce que nous souhaitons donner comme suite à cette formation :
Travailler ensemble sur des projets d’intérêt général sur l’amélioration du cadre de vie,
S’informer mutuellement pour permettre une meilleure compréhension,
Etre partenaire sur les projets. La volonté du groupe est de poursuivre en sous groupe de travail sur des thématiques / problématiques relevées lors de la formation transport, communication, accessibilité, etc…
Phase 2 du PRU : les habitants souhaitent être associés à la réflexion autour de l’aménagement du jardin public sur la berge du Paillon, de la place, de l’esplanade du marché…
Sécurité : participer au diagnostic de sûreté et sécurité publique, en utilisant l’outil des marches exploratoires, en partenariat avec la Police Municipale, la Direction de la Prévention, la Police Nationale,
Propreté : réaliser une campagne de communication sur le thème de la propreté des espaces publics,
Transports : travailler avec les techniciens concernés sur le trajet du bus n°16.
Déplacements:
participer au diagnostic d’Accessibilité aux Personnes à Mobilité Réduite,
être informés sur les expériences de pédibus menées actuellement sur la ville ;
Stationnement : consultation des habitants sur les destructions et (ré)aménagements de places de parkings, réflexions sur les solutions pour enrayer le stationnement en double file.

Grâce à cette formation, nous avons acquis aujourd’hui une méthode de travail qui va nous permettre d’améliorer l’image de notre quartier et sa qualité de vie. Pour poursuivre cette dynamique nous avons besoin de méthodes de travail pour mobiliser le plus grand nombre d’habitants et pour continuer à apprendre à passer de l’intérêt individuel à l’intérêt collectif. »

La parole est donnée à Mme ESTROSI-SASONNE, adjointe au Maire déléguée au Logement, à la Politique de la Ville et à la Cohésion Sociale :

Elle félicite les participants et plus particulièrement les habitants qui se sont investis et qui sont des porte-parole emblématiques, dont les institutionnels ont besoin et qu’ils doivent également sensibiliser d’autres habitants.
Elle relève qu’ils se rendent mieux compte des difficultés et des contraintes des institutionnels : en effet, il ne suffit pas de dire pour faire (la réalité est souvent plus compliquée qu’il n’y paraît).

Pour les professionnels, elle constate que cette formation a également été très enrichissante.

Sa préoccupation désormais est de faire en sorte que l’on maintienne cette chaîne qui a été créée et que cette participation vive tout au long du projet de rénovation et au-delà.
Elle confirme que même si, sur bien des thématiques citées par les participants de la formation, les grands axes ont déjà été validés, il reste des marges de manœuvres, de nombreux points sur lesquels habitants et professionnels peuvent travailler de concert et donner leur avis.

M. MONTET-JOURDRAN, Sous-Préfet chargé des Politiques Sociales :

Tout d’abord, il souhaite dire aux participants qu’il a été impressionné par la qualité de leur restitution.
Il rappelle ensuite qu’actuellement, l’Etat est dans une phase de redéfinition de la politique de la ville avec un axe fort qui est la co-production avec les habitants et les collectivités territoriales.
Cela va donc demander de mettre en forme et d’organiser concrètement cette participation. La démarche décrite est donc très encourageante sur ce point. Il rejoint Mme ESTROSI-SASSONE sur le fait que désormais l’enjeu est que cette dynamique perdure.

M. MORETEAU, cabinet Adéus :
L’objectif pour le groupe et ses partenaires est de passer en « mode projet » et pour cela commencer dès à présent à travailler sur des projets qui peuvent être réalisés à des échéances relativement proches.

Mme LEROY DIAZ, Direction Rénovation Urbaine :
On dit souvent qu’un projet réussi est un projet partagé. Ce partage passe par des phases de pédagogie commune et d’explications, qui étaient nécessaires. Les professionnels, maitres d’ouvrage, se posent également des questions et ont besoin des habitants, c’est-à-dire des « maîtres d’usage ».

Mme DESPLANQUES, centre social de l’Ariane :
Cette formation se décline en deux étapes, cette restitution clôture la première étape. La deuxième consiste désormais à se doter d’outils pour élargir la mobilisation et associer les habitants dans l’élaboration des projets. Le Centre Social a également proposé, dans les actions CUCS 2013, de coordonner les futurs sous-groupes de travail qui s’élargiront à d’autres habitants et à d’autres professionnels.
En ce qui concerne le diagnostic accessibilité pour les personnes à mobilité réduite, Cécile DESPLANQUES, va se rapprocher de Mme FILIPPINI, adjointe au Maire, Déléguée au Handicap, au suivi des commissions d’accessibilité et administratrice du CCAS, pour la sensibiliser à la démarche.

M. MAUGER, Chargé de Mission GUP & Relogement, PRU – Pasteur/Ariane & Ariane Phase II :
Il note dors et déjà que les pistes de travail proposées sont validées et que pour certaines thématiques les groupes de travail peuvent s’appuyer sur une réelle volonté des professionnels d’associer les habitants :
-en ce qui concerne les transports et la redéfinition de la ligne 16, une date est à trouver pour une prochaine réunion avec les représentants de la régie des transports et les habitants ;
-la consultation des habitants est prévue dans le cahier des charges du prestataire qui sera chargé du diagnostic de sécurité ainsi que dans celui de l’architecte chargé de la phase 2 du PRU ;
-le cabinet chargé de la communication travaillera également avec le sous-groupe dédié sur une campagne pour la propreté du quartier.

Mme DE GUEYER, Déléguée du Préfet :
Elle relève qu’il était important d’avoir un appui méthodologique de l’Université du Citoyen et de l’Adéus.

Mme FASTINGER, Côte d’Azur Habitat :
Par cette démarche, les participants ont su dépasser la somme des intérêts particuliers. C’est cela qui est original.

Une réunion publique est à construire courant 2013 pour mobiliser plus largement et, le cas échéant, présenter une première réalisation d’un sous-groupe thématique.

A l’issue de cette première formation différents groupes de travail se sont mis en place, afin d’aborder les thèmes importants comme, les transports, la sécurité, la phase 2 du PRU,

2 Mobilisation des habitants (5 autres journées de formation):

Cette étape a permis d’acquérir les outils pour mobiliser d’autres habitants, recueillir leurs paroles, les impliquer dans les choix de l’amélioration du cadre de vie de leur quartier.

La finalité de cette nouvelle étape est la mise en place d’une journée d’échanges le 17 juin 2014 qui permettra de mettre en œuvre tous les savoirs faire acquis tout au long de cette formation tant par les habitants que par les professionnels, et de les partager avec d’autres personnes du quartier invitées à cette journée de réflexion.

La thématique choisie pour cette journée, est la suivante :

Les places et les jardins publics, on en fait quoi ensemble ????

Pour cela un questionnaire a été mis en place, afin d’aller à la rencontre des habitants du quartier, de recueillir leurs paroles, et de les inviter à s’impliquer dans les groupes de travail et dans la journée d’échanges qui sera le préambule à la diffusion des outils et savoirs faire acquis tout au long de cette formation afin de les transmettre au plus grand nombre sur le quartier.