Des rappeurs niçois au 109

Organisé par l’Ekipsud mains liées avec le rappeur expérimenté Monsieur Florent et le Grain de Sable, l’événement du 30 mars a permis à des artistes indépendants et des collectifs azuréens de s’approprier la scène de l’Entre-Pont au 109.

Une conférence sur la liberté d’expression
Blacko et Monsieur Florent

Avant que les rappeurs réveillent les âmes aux anciens abattoirs de Nice, une conférence a été animée par les rappeurs Blacko et Monsieur Florent. Ensemble, ils sensibilisent le public à la liberté d’expression, racine importante du rap.

Ces deux intervenants tenaient à aborder la censure dans les pays en dictature. Néanmoins, ils rappellent que dans les sociétés dites “démocratiques”, une autre sorte de censure plus hypocrite s’installe et des rappeurs ne sont pas autorisés à être diffusés. Une fois terminé, le calme de la conférence a laissé place à l’énergie des rappeurs. 

“Open mic” suivi des 5 groupes de rap

Le show a commencé avec un « open-mic », un moment pour les volontaires de montrer leur improvisation. Puis, tour à tour, le collectif Monta Crew – MTC, les artistes le Môme, Ikare Bozo, Ökami, suivis de Marcisse ainsi que des collectifs Carnet De Croquis et Caractère Gras se sont emparés de la scène. Tous très proches du public, ils ont mis le feu, chacun avec leur style propre. Des univers différents mis en valeur par le choix de Monsieur Florent qui a choisi, sans laisser place au hasard, les participants.

Il développe (2’01) :

Florent explique que le but était de “mettre une tête d’affiche avec en première partie des artistes d’ici ». Seulement, la tête d’affiche nommée Bob Elvis, originaire de la République du Congo n’a pas pu venir en raison du contexte politique. L’organisateur n’en démord pas pour autant, le concert est maintenu et met en lumière des “groupes avec un bon niveau, qui méritent d’aller sur scène ».

Du rap “engagé qui ne cherche pas la notoriété, ni l’argent”

Après une carrière bien creusée dans la musique, Monsieur Florent, rappeur et ingénieur son, créé son studio d’enregistrement à Nice. Aujourd’hui, il le met à disposition et choisit de faire profiter de ses vingt années d’expériences dans le rap, au collectif qu’il a constitué.

Ce dernier a pour objectif de sortir un son solo par semaine et un album à la rentrée prochaine. Ce collectif, c’est Caractère Gras.

Il s’appelle comme ça pour le caractère d’imprimerie mais surtout parce que chaque personnalité a un caractère bien trempé, ce ne sont pas des mecs lisses.

Ecoutez Florent du collectif Caractère gras (18’09) :

Ces “caractères bien trempés », Florent les sélectionne au nom d’une philosophie. Il souhaite du rap “engagé qui ne cherche pas la notoriété ni l’argent ». Il cherche des rappeurs qui possèdent une histoire, un message fort, loin de l’industrie musicale.

Blacko, qui fait partie de Caractère Gras, en témoigne par ses paroles : Pour nous, le rap c’est fait pour dire les choses comme elles sont ». Tous les deux s’accordent à dire que le message est dénaturalisé lorsqu’il entre dans la commercialisation.

Et si Florent, ancien graffeur, prête autant d’importance à du rap soigné aux textes conscients, c’est parce que le rap lui a “sauvé la vie ». La musique lui a permis d’écrire sa rage, d’exprimer ses maux et de lui faire suivre un chemin moins sombre. “Je pense que la plupart des personnes dans le collectif sont comme ça, explique-t-il. Pour eux aussi, c’est un besoin, ce n’est pas un loisir”. Par ailleurs, Florent fustige la division de la sphère rap sur la Côte d’Azur, où chacun agit pour ses objectifs personnels et “organise son événement de son côté en tirant le public à l’autre ». Avant de rappeler que le discours du mouvement Hip Hop est “paix, amour, unité ».

Quand je suis sur scène, je suis une autre personne.

Rap de Blacko suivi de son interview (16’25) :

L’équipe Ligne16 avec Esteban, Tania et Cerise, a réussi à interviewer quelques rappeurs pendant la soirée.

Roazka du 47crew et l’Equipage composé d’Ikare, Ökami et Le Môme ont donné le classement de leurs rappeurs français préférés. Ils ont défini le rap et ont aussi débattu sur la place des femmes dans ce milieu.

Ecoutez-les : (4’58)

Océane Da Silva.