Laboratoire de Production Ligne16 : Le Logement

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Les problématiques de logement ne sont pas simples.

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L’expérience de Romain, 30 ans habitant depuis 3 mois à l’Ariane, permet de montrer que la demande de logement se fait d’abord par le remplissage d’un dossier*, puis un numéro d’enregistrement vous est attribué. Dans la demande, vous indiquez des choix de quartier. Il faut renouveler sa demande tous les ans. Romain, résident au foyer Adoma à St André de la Roche, a pu enfin accéder à un logement social. « Cela a mis deux ans ! ». Il explique qu’en étant étudiant, qu’en travaillant, il ne pouvait accéder au logement dans le privé. Son dossier était sans arrêt rejeté.

Patricia Igonet-Fastinger, chef de service de Côte d’Azur Habitat confirme que pour toutes les demandes, y compris les autres préoccupations des locataires concernant leur logement, une permanence est prévue place des Sitelles, en plein cœur de l’Ariane. Chaque sollicitation est enregistrée puis traitée ; parfois le temps de traitement est long et les habitants n’ont plus de nouvelle. « Il y a d’ailleurs une volonté de notre part de corriger cela », reconnaît-elle. L’habitant n’est pas forcément informé sur le délai de traitement. « Une réunion a lieu également une fois par mois permettant de recueillir les doléances des locataires. Certains logements ont un référent, et cela est plus simple. Cette personne se porte volontaire ; sur 1200 logements, il y a une dizaine de référents donc pas tous ne sont représentés ».

La sensibilisation par une explication simple reste la plus appropriée et au moins il n’y a pas de délai de traitement.

D’autres préoccupations reviennent dans les discussions, notamment celles des personnes qui jettent leurs ordures ménagères par la fenêtre, ou des habitants bruyants la nuit, ou encore des dégradations, un ascenseur en panne… Tous les acteurs présents, à l’unanimité, sont d’accord pour signaler ces actes d’incivisme qui ne cessent de croître. Néanmoins, la solution la plus rapide et la plus simple est d’aller voir le fauteur de trouble.

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Tania et Grace

Grace témoigne : « Un jour ma mère essayait de se reposer car elle était malade. Je suis allé voir le groupe qui jouait de la guitare en bas, et ils ont compris. C’est parce que les gens ne se connaissent pas que parfois les relations sont difficiles. Ils connaissent aussi ma mère. Celle-ci habite depuis longtemps dans cet immeuble et nettoie la cage d’escalier avec la voisine pour retrouver un peu de propreté. Ce n’est pas forcément respecté. Les jeunes n’ont pas non plus d’espace pour se réunir le soir ».

Or le plus souvent, les personnes n’osent pas. Par crainte sans doute que cela dégénère. Du coup, certains téléphonent aux bailleurs. La demande est enregistrée, puis traitée. Les délais restent souvent trop longs.

Et les gardiens d’immeuble…
La loi SRU (loi relative à la solidarité urbaine, sous Jospin, 2000) oblige les bailleurs à employer un gardien d’immeuble pour 100 habitants or comme le dit Georges Trova « cela n’a pas été fait ». Côte d’Azur Habitat s’en défend : « 150 gardiens d’immeubles ont été recrutés depuis ».

Néanmoins, même s’ils en existent, le gardien d’immeuble n’est pas du tout le concierge d’antan. Il est employé par le bailleur, vient travailler un certain nombre d’heures, n’habite pas sur place, et a pour mission l’entretien des locaux. « Il ne souhaite d’ailleurs pas travailler dans le même quartier où il habite pour ne pas être dérangé systématiquement » témoigne la chef de service de Côte d’Azur Habitat. « Certains sont menacés et se mettent en congé de maladie ».  Et en plus, « si le bailleur employait un gardien qui habiterait un appartement au rez-de-chaussée comme avant, les charges locatives seraient fortement augmentées ».

Grace regrette quand même : « Ce serait bien d’embaucher des gens du quartier ». Côte d’Azur Habitat répond : « les recrutements sur place ont montré un « laisser aller » de la part des employés, certains restaient chez eux et ne travaillaient que quelques heures mais n’étaient pas consciencieux dans leurs tâches et puis, souvent c’est une demande de ne pas habiter le même quartier pour ne pas avoir la pression ».

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Patricia Igonet-Fastinger, chef de service de Côte d’Azur Habitat
D’autres propositions peuvent être des solutions…

L’expérience de Cathy a dévoilé de nombreux inconvénients dans les nouveaux appartements. Plusieurs locataires ont constaté des fuites, des éléments cassés. « L’association de plusieurs locataires que nous avons créé, nous a permis de nous faire entendre. Et cela a réagi rapidement ». Cela a en effet davantage de poids qu’une plainte isolée.
Un projet de facilité d’accès à la propriété avait été également réalisé sur le groupe Ariane. « Malgré le prix des appartements moins onéreux que ceux du centre-ville, 95 % n’avait pas les moyens d’acheter » explique Georges Trova. Cette proposition n’a pas fonctionné.

Il n’en reste pas moins que l’Ariane est un quartier en mouvement, qui est encore en rénovation. De nouvelles populations de cultures différentes sont installées aujourd’hui et le « vivre ensemble » est un acte possible à condition que l’individu soit tolérant, apprenne à connaître la culture de l’autre et accepte de respecter les espaces communs. Les bailleurs se doivent aussi de répondre aux demandes des habitants et un réel travail existe afin de corriger la longueur de délai de traitement. Si les locataires d’un même immeuble se mobilisent, la demande a des chances d’être traitée plus rapidement. Les bailleurs nomment cela « expertise d’usage des locataires », et réalise alors « une action corrective » pouvant répondre au besoin. Aux Moulins, l’expertise a montré que les locataires ne connaissaient pas le gardien. L’action corrective a été de réaliser une plaquette avec sa photo afin qu’ils puissent l’identifier et lui restituer les demandes. Les habitants sont invités à participer à l’amélioration du « bon vivre » à l’Ariane lors notamment des conseils citoyens organisés par la politique de la ville. Renseignements à la maison des projets de l’Ariane.

Dossier de demande de logement : en ligne ici https://www.demande-logement-social.gouv.fr/ ou à télécharger ici https://www.formulaires.modernisation.gouv.fr/gf/cerfa_14069.do

Photographies : Johanna Prevet